IA et transhumanisme : quelles avancées et quel impact sur l'Humanité et notre avenir ?
- Stéphane Guy
- 17 janv.
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 mars
L'essor combiné de l'intelligence artificielle et des technologies comme la robotique soulève des interrogations quant à l'avenir de l'Homme et à sa place dans le futur. Tout ceci nous amène à parler d'un sujet largement en vogue dans la littérature et le cinéma, et qui est désormais directement lié à l'IA : le transhumanisme. En effet, l'arrivée de l'intelligence artificielle dans notre quotidien est souvent rattachée à des technologies émergentes comme les implants neuronaux. Cela pose des questions éthiques, philosophiques, sociales, ou encore (et tout simplement) techniques. Est-ce que l'IA, si elle est embarquée dans des technologies qui affectent notre corps, peut redéfinir le concept d'humain ?
En bref
Le transhumanisme vise à dépasser les limites humaines grâce aux technologies, notamment l'IA, pour améliorer les capacités physiques, cognitives et psychologiques.
L'IA joue un rôle clé dans des projets comme Neuralink (implants neuronaux) et les prothèses bioniques, en interprétant les signaux cérébraux pour contrôler des dispositifs.
Des innovations émergent, comme des implants pour booster la mémoire ou des interfaces homme-machine connectées à Internet.
Des enjeux éthiques majeurs se posent : identité humaine, contrôle du corps, risques de piratage et influence de l’IA sur nos pensées.
L'avenir pourrait voir émerger des humains augmentés, soulevant la question de la frontière entre l’homme et la machine.
Tout d'abord, qu'est-ce que le transhumanisme ?
Les origines du mouvement transhumaniste et son but
Le transhumanisme est un mouvement de pensée qui naît au XXe siècle aux États-Unis. Il prône l'usage des technologies pour dépasser la condition humaine et les limites inhérentes à l'Homme. Ce mouvement a donc pour but d'améliorer nos capacités physiques, cognitives et psychologiques à l'aide de la technologie. En d'autres termes, le transhumanisme souhaite rendre l'humanité plus performante et plus durable.
Précisons ici que le transhumanisme souhaite améliorer les êtres humains via des procédés invasifs, qui modifient directement l'organisme. En effet, la majorité des définitions du transhumanisme parlent d'un mouvement qui "prône l'utilisation des sciences et des nouvelles technologies dans le but d'améliorer les capacités physiques, intellectuelles et mentales des êtres humains, pouvant aller jusqu'à l'immortalité."* Il serait donc peu avisé de parler de transhumanisme avec des dispositifs externes, comme des lunettes connectées améliorées par l'IA.
L'origine du mot "transhumanisme"
On accorde généralement la paternité de ce mot à Julian Huxley, un biologiste britannique et théoricien de l'eugénisme. Attention : Julian Huxley ne doit pas être confondu avec Aldous Huxley, l'auteur du fameux livre "Le Meilleur des Mondes" et à qui on peut également penser très facilement, étant donné le sujet traité ici. Le biologiste britannique emploie ce terme pour la première fois en 1951, lors d'une conférence qu'il donne et qui s'intitule "Knowledge, Morality and Destiny"* (savoir, morale et destinée).
Quel est le lien entre l'intelligence artificielle et le transhumanisme ?
Vous avez peut-être déjà deviné ou déduit le lien entre IA et transhumanisme. Depuis l'émergence de l'intelligence artificielle, on nous promet une vie plus facile en travaillant, entre autres, moins longtemps et plus facilement. L'IA est souvent mise en avant comme principal vecteur d'amélioration de notre quotidien. Le transhumanisme, quant à lui, veut améliorer la condition humaine. Les deux domaines étaient donc faits pour s'entendre. Nous pouvons même aller plus loin et dire qu'ils étaient liés il y a un certain temps déjà. En effet, Marvin Minsky, scientifique américain spécialisé dans les sciences cognitives et l'intelligence artificielle, publia en 1960 son ouvrage intitulé "Steps Toward Artificial Intelligence".* Dans celui-ci, il y évoquait déjà la question de l'IA pour améliorer les capacités humaines.
De plus, l'intelligence artificielle est un outil capable de traiter et d'interpréter de grandes quantités de données : images, textes, sons... Grâce à ses capacités, on peut aisément imaginer des technologies capables d'améliorer la condition de l'Homme : redonner la vue à des personnes aveugles en interprétant correctement les images données par des caméras, rendre des personnes paralysées capables de manipuler un ordinateur par la pensée en permettant d'interpréter les signaux du cerveau...
Enfin, et de manière plus scolaire, l'intelligence artificielle est incluse dans la définition du transhumanisme sur le site Internet du Larousse qui définit le transhumanisme comme suit : "Courant de pensée qui vise l’amélioration des capacités intellectuelles, physiques et psychiques de l’être humain grâce à l’usage de procédés scientifiques et techniques (manipulation génétique, nanotechnologies, intelligence artificielle, etc.). [Conviction idéologique plus que position solidement argumentée, le transhumanisme est contesté aussi bien d'un point de vue scientifique que d'un point de vue éthique.]"*
L'IA permet-elle déjà de créer des technologies dites transhumanistes ?
Pour le moment, il n'existe pas de technologie fiable et démocratisée que l'on pourrait qualifier de transhumaniste et qui impliquerait l'intelligence artificielle. Il existe cependant plusieurs dispositifs en cours d'expérimentation qui laissent entrevoir à quoi pourrait ressembler l'homme augmenté de demain, en partie grâce à l'IA.
Neuralink et le cerveau augmenté : la promesse d'Elon Musk
En 2023, l'agence américaine du médicament a approuvé les essais cliniques pour l'implant neuronal créé par la société d'Elon Musk, Neuralink. Le but de cette puce ? Créer une interface homme-machine pour (entre autres) contrôler des appareils électroniques par la pensée. Derrière cette idée qui tient de la science-fiction, il y a la promesse pour un grand nombre de personnes paralysées et/ou incapables d'utiliser des appareils électroniques au quotidien de devenir plus autonomes et indépendantes. On peut se plaire à imaginer un futur entièrement digital où tout le monde, même les personnes souffrant d'un handicap, quel qu'il soit, pourraient ouvrir les portes des magasins et de leur maison, programmer une livraison de nourriture et regarder un film sur leur télévision, le tout sans utiliser aucun périphérique externe. Car ce dernier serait directement dans leur tête.
Et l'IA dans tout ça ? Elon Musk s'était exprimé sur le sujet, en indiquant que Neuralink pourrait aider l'Homme à ne pas être dépassé par l'intelligence artificielle. Avec un implant pour augmenter nos capacités mentales, nous nous assurerions de ne pas être laissés trop en retrait au profit de l'IA, pour ne pas dire supplantés par celle-ci.*
Au-delà de cet aspect quelque peu angoissant, Neuralink promet également de faciliter nos interactions avec l'IA afin de s'en servir de manière plus rapide. En outre, l'implant fonctionnerait lui-même en partie avec l'IA, qui aurait la tâche de traiter les données de Neuralink. Concrètement, le but serait ici d'avoir un implant capable (toujours grâce à l'IA) de mieux interpréter les signaux cérébraux pour les retranscrire en actions concrètes.
Voir aussi : C'est quoi SearchGPT et comment ça marche ?
Prothèses bioniques et IA : une promesse de mobilité retrouvée
Autre exemple de l'utilisation de l'IA pour améliorer les capacités humaines : les prothèses. Certes, il s'agit plutôt ici de permettre à des personnes souffrant d'un handicap physique de retrouver leurs capacités. Cependant, les prothèses bioniques promettent des capacités supérieures à celles des humains. En raison de leur nature mécanique, on peut aisément imaginer un avenir où ces dispositifs seront assez performants pour créer des humains augmentés. Certaines personnes pourraient alors vouloir changer leurs membres pour des parties artificielles afin de devenir plus performantes. Cela pourrait donc poser des questions éthiques.
Concrètement, on peut parler de l'entreprise Open Bionics, qui se spécialise dans la fabrication de prothèses bioniques pour les personnes amputées. Dans ce cas de figure, l'IA permettrait d'interpréter les signaux du cerveau de manière plus efficace pour aider la prothèse à se mouvoir avec plus d'aisance.
Quelles innovations transhumanistes avec l'IA peut-on envisager à court-terme ?
Des soldats augmentés
On peut aisément imaginer une utilisation militaire de l'intelligence artificielle, et ce sans surprise. Si on se place dans un contexte lointain, il est possible que l'armée équipe ses soldats d'implants neuronaux similaires à Neuralink pour améliorer les capacités cognitives des soldats. De cette façon, ils pourraient réagir plus vite sur le terrain. On peut également imaginer des implants visuels pour recevoir des informations en temps réel dans leur champ de vision ou améliorer cette dernière pour voir plus loin.
Interface améliorée et démocratisée pour le grand public
Si l'on repense à Neuralink et à ses promesses de création d'une interface homme-machine, on peut imaginer par extension une vision totalement nouvelle et repensée pour l'Humanité. Et si dans le futur, notre vision était directement connectée à Internet ? Et si nous pouvions simplement afficher notre itinéraire sous nos yeux, via des flèches en 3D sans aucun dispositif externe ? On peut également imaginer des interfaces de communications pour nos appareils comme nos ordinateurs ou des voitures autonomes.
Capacités cognitives améliorées
Et si vous pouviez augmenter votre mémoire pour ne plus avoir de difficulté à apprendre vos cours ? C'est également la promesse de l'expérimentation réalisée par des chercheurs de l'université de Californie du Sud avec leur expérimentation. En effet, "un implant cérébral pour booster la mémoire a été conçu et testé avec succès", résultat : "Les performances de la mémoire humaine à court terme et de mémoire du travail auraient été significativement augmentées".*
*Usbek&Rica, Des chercheurs ont augmenté la mémoire humaine grâce à un implant
Au-delà de la mémoire, on peut imaginer des puces pour réfléchir plus vite, voire débloquer des événements passés que l'on aurait oubliés. Les implants promettent également d'aider les patients et patientes atteintes de maladies affectant le cerveau, comme alzheimer.
Voir aussi : Le Deep Learning expliqué simplement : principes et applications dans le domaine de l'IA
Que peut-on imaginer dans le futur lointain ?
L'homme-machine
Nous avons peut-être tous et toutes déjà visionné un film où l'homme fusionne avec la machine, devenant ainsi un véritable cyborg capable de voler, naviguer sur Internet ou de ne jamais être malade. L'intelligence artificielle, dans ce cas de figure, permettrait d'améliorer un peu plus ce dispositif pour traiter les données reçues.
Quelles sont les problématiques éthiques et les limites du transhumanisme et de l'intelligence artificielle ?
Les problèmes éthiques de l'IA et du transhumanisme
Le transhumanisme, lié à l'intelligence artificielle ou non, pose des problèmes moraux et éthiques. Il s'agit d'une modification corporelle et d'un rapport à l'humain qui se trouverait grandement modifié.
De plus, des IA de plus en plus performantes pourraient atteindre un niveau de "conscience" si important qu'il deviendrait véritablement problématique d'en implanter une dans son cerveau.
Les dangers de l'IA et du transhumanisme
Pourrait-on perdre le contrôle de son corps en connectant une IA à son cerveau ? C'est la question que l'on pourrait se poser dans un futur où l'on imagine des implants neuronaux équipés d'IA surpuissantes capables de nous assister et d'accéder à notre cerveau. La question du contrôle de son corps se pose et présente un danger potentiel.
On peut également penser à des piratages ou autre utilisations malveillantes de ces dispositifs, bien que ce danger ne soit pas directement lié à l'IA. Cette dernière pose cependant une autre question : celle de la frontière entre l'homme et la machine et, par extension, celle de l'identité humaine. Avec une intelligence artificielle embarquée en nous, pourrons-nous encore affirmer que nous sommes humains et que nos pensées sont le fruit de notre propre réflexion et de nos propres choix ? Jusqu'à quel point l'IA pourra-t-elle nous influencer et jusqu'à quel point devrions nous la laisser faire ?
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